Guide de survie pour votre première nuit en sleeping bus

Voyager en Asie rime aussi avec expériences nouvelles. L’une d’entre elles ? Passer une nuit et survivre, au sleeping bus. Je vous entends déjà bien installés derrière vos écrans : “Oh, elle exagère, ce n’est pas si terrible que ça !”. Non évidemment, mais quand on ne sait pas à quoi s’attendre, ce premier contact peut être un peu déconcertant. Après avoir parcouru le Vietnam du Nord au Sud à bord de pas moins de 6 bus en 2 semaines, j’ai eu envie de vous partager mes péripéties expériences avec humour. Voici donc mon guide de survie pour aborder votre premier voyage en sleeping bus comme un pro !

J’imagine que vous pouvez commencer par vous demander en quoi ces sleeping bus sont si différents des bus habituels. De l’extérieur, pas grand chose, si ce n’est des néons tout autour des fenêtres pour les distinguer de nuit. Une fois à l’intérieur, vous trouverez trois rangées de sièges sur deux étages. Les sièges sont inclinables et dotés d’une petite tablette pour vos affaires. A votre montée dans le bus, on vous remettra un sac plastique pour y glisser vos chaussures et, dans le meilleur des cas, une bouteille d’eau pour le voyage.

Vous y voilà, vous venez de pénétrer dans ce qui sera votre dortoir collectif pour cette nuit. Mon premier conseil serait de prévoir des vêtements chauds. Même si vous avez passé la journée à faire bronzette, je vous conseille d’opter pour un pantalon et une veste à capuche. En général, la température est toujours fraîche à l’intérieur. Et si vous êtes du genre chanceux (coucou !) vous tomberez toujours sur les sorties d’air cassées ou déréglées.

Les trajets en sleeping bus durent en général plus de 6 heures et s’il y a une chose dont on est jamais sûrs c’est les lieux et le nombre d’arrêts. Le mieux est donc de manger quelque chose (oui même à 18h) avant de monter dans le bus. Si vous êtes malades dans les transports, votre cachet de Mercalm ou de Cocculine deviendra votre meilleur ami !

Depuis mon voyage au Vietnam, je sais désormais qu’il existe une pratique courante. Faire dormir les gens par terre, dans les couloirs du bus. En général, il s’agit de locaux qui montent dans le bus pendant le trajet. Ils ont probablement des arrangements avec les chauffeurs mais bon… Plutôt inconfortable tout ça, pour eux comme pour nous qui nous demandons si nous devrions faire quelque chose. Tout ça pour dire que, si vous ne voulez pas passer la nuit entre deux inconnus, il vaut mieux opter pour les places du haut.

Au cas où vous ne l’ayez pas encore expérimentée, la circulation en Asie n’a rien de comparable à celle de chez nous. Je suis sûre que le rond point de l’Etoile à Paris me ferait ni chaud ni froid aujourd’hui ! Si vous voulez pouvoir dormir, même un petit peu, dans un sleeping bus, éloignez-vous le plus possible du chauffeur et de ses coups de klaxons intempestifs.

Les sleeping bus ne servent pas qu’à transporter des gens. Eh oui ! C’est aussi ce que je pensais naïvement avant d’expérimenter mes premiers trajets. Il est donc possible que vous vous arrêtiez de temps en temps sur le bord de la route pour charger, au choix, des huîtres, du riz ou autre cartons dont Bouddha seul sait ce qu’ils contiennent. Et ça c’est quand vous avez la chance de ne pas tomber en panne !

Est-ce vraiment nécessaire de l’expliquer ? Vous tomberez forcément sur un ronfleur qui passera une nuit paisible non loin de vous. Vous par contre, vous risquez de developper des envies de meurtre au fil des heures. Si vous avez encore un doute pour ce qui est du bandeau pour les yeux sachez que j’ai passé une nuit avec mon imperméable humide sur la tête car j’étais située juste en dessous du plafonnier qui s’est soudainement allumé vers 1h30 du matin… Pour s’éteindre à 6h15, à la descente du bus.

L’heure de rendez-vous que l’on vous donnera pour le départ de votre sleeping bus est généralement une heure aléatoire. Vous pourrez attendre 20 minutes comme 45, ou plus. Cependant les places ne sont pas numérotées. Dès l’arrivée du bus, tenez-vous près des soutes pour vous préparer à bondir avec l’agilité d’un lion.

Je n’avais jamais pris le sleeping bus avant d’entreprendre notre voyage en Asie. Et pourtant au bout d’une petite dizaine de trajet, j’ai l’impression d’avoir autant de mésaventures que si j’avais fait ça toute ma vie. Entre autres, le kidnapping de chaussures ! Depuis j’attache le sac contenant mes chaussures à la tablette qui se trouve devant moi et je garde mon sac à dos avec moi sur le siège. On manque de place mais c’est plus sûr !

Certains sleeping bus sont dotés de toilettes. Pas de chance pour vous ! En cas de bus encombré (et donc de passagers par terre), vous devrez entreprendre une mission de haut vol pour atteindre le fond du bus sans n’avoir marché sur personne. Une fois arrivés à destination, vous serez heureux d’avoir pensé à votre paquet de mouchoirs. Et à votre gel pour les mains.

Le sleeping bus fonctionne à l’heure asiatique. Pourquoi ? En gros, votre trajet commence vers 18h et se termine en général entre 5 et 6h du matin. Vous vivrez donc au rythme des locaux. A notre arrivée à Nha Trang à 5h du matin nous avons pu constaté que les locaux sont tous bel et bien réveillés pour leur séance de sport sur la plage, voire un petit bain.

Bravo, vous avez survécu ! Malgré tout, ces trajets en sleeping bus nous ont valu pas mal de fous rires et de situations cocasses. Certaines parties du Vietnam ne disposent pas de lignes de trains. Le bus est donc votre seule alternative (l’avion ne rentrait pas dans nos options). Il vous permettra de relier les villes principales au meilleur prix. De plus, nous étions au Vietnam pendant la période du Thêt, le Nouvel An vietnamien. Tout le monde est en vacances et les prix de tous les moyens de transport explosent.

Au moment d’écrire cet article, mon expérience des sleeping bus se limitait au Vietnam. Comment dire, je ne connaissais pas mon bonheur ! Nous avons pris qu’un seul sleeping bus au Cambodge et il a rassemblé toutes les tuiles possibles en un seul voyage ! Si, si, c’est possible ! Je vous explique : nous avons pris un sleeping bus pour relier Kampot à Siem Reap soit environ 10 heures de voyage. Le bus est arrivé avec une énorme fuite d’huile mais nous sommes partis quand même à bord de ce bus totalement glauque, avec des couchettes presque à même le sol.

Au bout de 5 minutes de voyage, on se rend compte que la clim ne fonctionne pas dans le bus, donc pas d’air du tout. Mieux encore, des petites bestioles qui se baladent un peu partout sur les rideaux et sur le sol. Au bout de deux heures dans une chaleur moite et difficilement respirable, nous tombons en panne une première fois, le moteur redémarre et c’est reparti… Pour s’arrêter une nouvelle fois au bout de quelques minutes. Et cette fois c’est une heure et demi que l’on va passer dehors (je pense que les gens qui sont restés dormir dans le bus pendant ce temps-là sont dotés de super pouvoirs).

Il est 1h15 du matin, il fait nuit noire, nous sommes arrêtés au milieu de la route et les deux chauffeurs remettent de l’eau (?) dans le bus. Devant nos questions, ils s’énervent et nous assurent qu’ils vont réparer le bus. Finalement, ils se décident à appeler un autre bus qui arrive heureusement assez rapidement depuis Phnom Penh. A 2h30, nous changeons de bus ! La deuxième partie de la nuit commence pour un bus sans couchette avec la clim poussée à fond.

Nous arriverons finalement à Siem Reap à 11h au lieu de 8h du matin…

Lors de notre séjour au Vietnam, nous sommes le plus souvent passés par la compagnie The Sinh Tourist. Ils proposent les meilleurs prix et des bus neufs. Voici les adresses des différentes agences au Vietnam.

Plusieurs compagnies opèrent au Cambodge. A éviter de préférence, la compagnie Olongpich Express. Préférez-lui plutôt Giant Ibis, plus chère certes mais rien à voir au niveau du confort et de l’attention à la clientèle. Vous pourrez réserver vos billets en agences de voyage ou au  sein des hôtels et guesthouses.